Pour offrir un sentiment d’appartenance aux élèves, Caroline Lambert, directrice de Passeport Mashteuiatsh, adapte les activités du programme au contexte local. Elle propose par exemple un atelier sur les poupées de la guérison, et un autre sur les regalia. 

L’activité des poupées de la guérison était déjà en place pour les personnes survivantes de pensionnats autochtones. Organisés par Puakuteu, le même organisme proposant le programme Passeport, ces ateliers permettaient aux ainés de fabriquer une poupée. Le processus de création était l’occasion de parler de leurs expériences en pensionnat et de leurs émotions liées à celles-ci. Inspirée par cette rencontre entre le savoir-faire artisanal et la libération de la parole, Caroline décida d’adapter l’activité pour la proposer aux jeunes de Passeport Mashteuiatsh. 

« Dans les ateliers avec les ainés, on s’est rendu compte que l’impact des pensionnats s’est poursuivi de génération en génération, et que ça touchait encore les jeunes sept générations plus tard, tout comme le principe philosophique des sept futures générations. C’est pourquoi nous avons intégré cette activité au mentorat de Passeport Mashteuiatsh, raconte Caroline. En présence d’une kukum (grand-mère) et d’une intervenante spécialisée, on peut aborder de nombreux sujets à travers l’activité. Ça ouvre la porte à de nombreuses conversations sur le bien-être des jeunes et leur capacité à prendre soin d’eux-mêmes. » 

Puakuteu, le partenaire de programme de Passeport Mashteuiatsh, a également organisé un deuxième projet intégré au sein des activités de Passeport Mashteuiatsh : Enseignements traditionnels et Regalia. Cette activité porte sur la fabrication de regalia, vêtement traditionnel et d’accessoires sacrés portés lors des pow-wows. Des femmes et des ainées de la communauté de Mashteuiatsh souhaitaient transmettre leur savoir aux jeunes, et Caroline y vit l’occasion de proposer une nouvelle activité aux jeunes du programme Passeport. « À travers la confection de la robe traditionnelle, les jeunes en apprennent davantage sur leur culture et l’histoire en arrière de tout ça, explique Caroline. Et du point de vue du mentorat, on y travaille les compétences et on travaille entre autres la patience, la minutie et la couture. » 

Ces deux projets ont connu un franc succès. Les poupées de la guérison réalisées par les élèves du programme Passeport sont au centre de l’exposition Ilnikueu / Poupées de guérison présentée au Musée amérindien de Mashteuiatsh. Caroline, quant à elle, se réjouit de l’effet catalyseur du projet sur le bien-être des élèves. « Les jeunes ont raconté avoir pleuré et ri. Ils ont vécu beaucoup d’émotions, mais ils disent avoir grandi grâce à cette activité, explique Caroline. Parler de ses émotions, ce n’est pas quelque chose qui est facile, mais ce projet a permis tout cela. » 

L’activité de regalia, quant à elle, s’est conclu lorsque la première cohorte des finissantes et finissants de cette activité de mentorat ont portés leurs regalia en faisant la Grande Entrée d’un pow-wow. Un moment de fierté, d’entraide et de partage qui restera gravé dans la mémoire de Caroline et des élèves de Passeport Mashteuiatsh. « Faire la Grande Entrée, c’est comme un tapis rouge, explique Caroline. Les finissantes étaient tellement fières; c’était si beau à voir. Tout le monde regardait. Ça a créé un engouement, et les autres jeunes nous on dit ‘Allez, moi, je me mets en costume l’année prochaine, je vais faire les pow-wows.’ » 

Chaque jour, des projets comme celui-ci nous rappellent la puissance de la collaboration entre des partenaires communautaires et corporatifs à travers le Canada pour mettre en œuvre le programme Passeport. C’est grâce à l’engagement substantiel et à long terme de Rio Tinto que Passeport Mashteuiatsh a été mis sur pied. En partenariat avec Puakuteu, le Comité de femmes de Mashteuiatsh, le programme a été créé en 2013 et soutien les élèves de la communauté encore aujourd’hui. Nous sommes reconnaissants envers ces deux partenaires clés qui contribuent à offrir des programmes d’une grande pertinence sur le plan culturel aux jeunes des Premières Nations ou premier peuple.