Depuis le début de la pandémie de COVID-19, partout au Canada, les jeunes doivent composer avec l’incertitude et le stress. L’école, qui était auparavant une expérience de développement interactive et personnelle stimulante, est devenue une expérience d’apprentissage à distance ou hybride. Nous attendons toujours les résultats des études sur les répercussions de la pandémie, mais nous savons déjà qu’elles sont importantes. Les grands titres portant sur les apprentissages perdus, les problèmes de santé mentale et la volatilité éventuelle du marché du travail prolifèrent. La pandémie a contribué à détourner les jeunes de leurs aspirations. Sans soutien approprié, les jeunes issus de communautés à faible revenu auront de la difficulté à remonter la pente.

Selon les données canadiennes et internationales, la COVID-19 a influencé considérablement le parcours scolaire des jeunes. Selon un sondage international mené auprès d’enseignants de plusieurs pays riches, dont le Canada, les perturbations de 2020 ont entraîné un retard dans la progression scolaire pouvant atteindre six mois, et encore plus en mathématiques. De plus, des inégalités persistent au chapitre des répercussions sur l’éducation : d’ici la fin de l’année scolaire, les jeunes issus d’une famille à faible revenu, monoparentale, nouvellement arrivée au Canada ou racialisée pourraient accuser un retard de douze mois, comparativement à huit mois pour leurs pairs de la classe moyenne.

Les apprentissages perdus ne représentent qu’une partie du défi à relever : la pandémie a également eu une incidence sur la santé mentale et le développement positif des jeunes. Les jeunes ont perdu l’occasion de socialiser en personne et leur niveau d’activité physique a grandement diminué, tout comme le nombre d’interactions de qualité avec leurs enseignants. Ces activités sont essentielles à un développement social et émotionnel positif, en plus de servir de facteurs de protection contre les problèmes de santé mentale chez les adolescents.

Une étude sur les jeunes Québécois a révélé que, si l’isolement offrait un répit de l’école et des pressions exercées par les pairs, qu’il a contribué à l’adoption de mauvaises stratégies d’adaptation et à l’augmentation des symptômes dépressifs chez les jeunes, y compris la dévalorisation et la perte d’espoir en l’avenir. Selon UNICEF Canada, les jeunes sont maintenant très conscients de leurs besoins psychologiques : ils aimeraient bénéficier d’un soutien en santé mentale dans les écoles après la pandémie, d’un soutien scolaire ainsi que d’accommodements pour les aider à planifier leur avenir.

Leurs inquiétudes par rapport à l’avenir sont soutenues par les données canadiennes sur l’emploi. L’an dernier, en quatre mois à peine, le taux de chômage a augmenté de près de 20 points de pourcentage chez les jeunes, ce qui représente une hausse notable.Bien que le marché de l’emploi ait légèrement rebondi depuis, la plupart des nouveaux emplois sont à temps partiel, les données sur les emplois à temps plein pour les jeunes demeurant inférieurs aux niveaux antérieurs à la pandémie. Le taux de jeunes qui ne sont ni étudiants, ni employés, ni stagiaires (« NEET ») a atteint 24 % en avril 2020, soit le pourcentage le plus élevé enregistré depuis des décennies. En outre, les taux élevés de jeunes NEET se concentrent dans des collectivités où les ressources sont insuffisantes, ce qui démontre que les jeunes de familles à faible revenu déjà victimes d’iniquités sont beaucoup plus à risque de se désintéresser de leur éducation et d’être mal préparés pour le marché de l’emploi.

Les retards dans les apprentissages et les perspectives d’avenir réduites nous inquiètent tous, mais les jeunes diplômés universitaires dont les parents ont des revenus stables, du capital et des ressources pour soutenir les lacunes dans leurs apprentissages, seront mieux outillés pour le marché du travail de l’avenir, qui sera marqué par la volatilité, et pourront mieux répondre à leurs besoins de soutien en santé mentale.

Les élèves vivant dans des conditions économiques précaires, qui ont eu une année particulièrement difficile, n’ont pas accès aux mêmes ressources ni au même soutien. Bon nombre d’entre eux n’avaient pas d’endroit calme pour étudier, ni appareil approprié, ni connexion Internet fiable. Beaucoup étaient confrontés au stress quotidien lié au fait que leurs parents quittent la sécurité de leur domicile pour se rendre au travail en transport en commun et sont exposés au virus. Certains ont dû conserver leur emploi à temps partiel pour aider leur famille. Alors qu’ils faisaient de leur mieux pour s’en sortir, l’écart entre la réalisation de leurs rêves et la réalité a continué de se creuser.

Comment pouvons-nous les aider à combler cet écart? Alors que la plupart des propos que les jeunes entendent autour d’eux chaque jour portent sur des perturbations, des pertes et des éléments d’incertitude, nous devons établir des liens avec eux et les aider à s’affirmer. Cette approche les protège contre l’adversité, en plus de leur permettre de développer des compétences et de se concentrer sur leur réussite.

Les liens et l’affirmation sont profondément ancrés dans l’approche globale de Passeport pour ma réussite : nous offrons aux élèves un mentorat de grande qualité et une culture d’attentes élevées, de même qu’un environnement leur permettant de développer leurs compétences, de réaliser leurs ambitions, de recevoir un soutien scolaire, de garder le cap sur leurs objectifs et de se projeter dans l’avenir. Le programme est adapté aux besoins individuels des élèves et favorise l’autorégulation et l’adoption d’une mentalité de croissance. Les études démontrent que ces façons de faire permettent non seulement de surmonter les obstacles à l’obtention d’un diplôme d’études secondaires, mais aussi d’aider les jeunes à réaliser leur plein potentiel.

 

Konrad Glogowski, docteur
Directeur, Recherche et évaluation
Passeport pour ma réussite Canada

À titre de directeur, Recherche et évaluation, M. Glogowski est ambassadeur de notre engagement envers l’excellence grâce aux données probantes. Il dirige une équipe qui recueille systématiquement et rigoureusement des données pertinentes pour analyser et mesurer le rendement et l’impact global de notre programme. Il est également responsable de notre stratégie nationale de recherche et d’évaluation, qui comprend des études nous permettant de mieux comprendre la réussite scolaire ainsi que les programmes et les approches en matière de bien-être des jeunes, au pays comme à l’étranger. M. Glogowski, qui a obtenu un doctorat en éducation de l’Institut d’études pédagogiques de l’Ontario (Université de Toronto), s’intéresse au développement et à l’apprentissage des adolescents.